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Exposition

Hyperborée, une vision contemporaine de l'Art Déco

Pour sa troisième édition, et après avoir salué le travail des sculpteurs-textile Tzuri Gueta et Simone Pheulpin lors des deux premières éditions, la Fondation Ateliers d’Art de France décerne le prestigieux Prix Le Créateur à la céramiste Hélène Morbu pour son projet d’exposition Hyperborée. L’exposition s’installe du 10 décembre 2021 au 13 mars 2022 au Palais de l’Art Déco de la ville de Saint-Quentin (02–Aisne). La ville, labellisée Ville d’Art et d’Histoire, accompagne la Fondation dans l’organisation de l’exposition en tant que partenaire privilégié. La céramiste, originaire de la ville de Saint-Quentin, y présente pour la première fois ses œuvres. Le lieu n’a pas été choisi au hasard. Le Palais, joyau de l’Art Déco, est longtemps resté inaccessible. C’est donc à travers des photos historiques qu’Hélène Morbu, alors lycéenne, étudie ses détails architecturaux, restés intacts depuis la construction de l’édifice en 1927. Lorsqu’elle passe pour la première fois les portes de ce palais, Hélène Morbu est déjà une céramiste accomplie. 

 

L'art et la science

Hélène Morbu a étudié le dessin à l’École Supérieure d’Art de  Reims. Adepte du travail de la terre, qu’elle apprend à maî triser depuis son adolescence, elle poursuit ses études avec  un DNAP option design qu’elle vient approfondir à l’aide  d’un BTS Arts de la Céramique dans l’école d’arts appli- qués Olivier de Serres. L’alliance de ces diplômes lui permet  de comprendre les paramètres de la matière pour mieux la  façonner. En 2008, Hélène Morbu créé son atelier à Nantes. Hélène Morbu entrepose sur ses étagères différentes terres:  des essais de couleurs et de matières, un abécédaire construit  au fil des ans. Derrière la vision de l’artiste se cache un es- prit scientifique qui souhaite avant tout comprendre les prin- cipes physiques et chimiques de la matière manipulée. Rien  n’est laissé au hasard. En réalisant une étude technique de  la matière, la céramiste en apprécie l’élasticité, observe les  textures, analyse sa résistance pour mieux comprendre les  contraintes. À travers cette expérimentation de la matière,  elle se crée une bibliothèque de terres dans laquelle elle  puise les ressources spécifiques à chaque création. Hélène Morbu conçoit ses propres outils pour mieux varier  les textures et les motifs de la terre. Ses lignes sont intempo- relles et leur finesse révèle une artiste aux exigences élevées.  Entre ses mains naissent des objets précieux, reflets d’un  savoir-faire inimitable. 

Les créations d’Hélène Morbu sont marquées par la pré- cision apportée à chaque aspect de son travail. Sous les  doigts de la céramiste, la terre s’assouplit et sa plasticité  devient presque intrigante. Le grès incisé, étiré se transforme  en dentelle. La terre imprimée sous la pression d’un peigne  semble tressée, comme un cuir en intrecciato. Si les finitions des pièces révèlent l’intérêt d’Hélène Morbu  pour le travail autour du textile, l’inspiration première de ses  collections se trouve dans l’Art Déco. Un mouvement archi- tectural qui a façonné les murs de la ville de son enfance. 

 

Un palais pour écrin

Exposées au sein d’un des plus somptueux bâtiments de  la ville, les œuvres aux lignes épurées d’Hélène Morbu  semblent s’imprégner de la grandeur de l’écrin qui les  accueille. Avec ses œuvres grandement inspirées de l’architecture du lieu, la céramiste entraîne les visiteurs dans  un univers à la fois historique et contemporain. L’édifice,  anciennement Grand Bazar de la ville de Saint-Quentin,  est redessiné en 1922 par l’architecte de renom Sylvère  Laville. Il imagine un magasin sur trois niveaux, comprenant deux atriums et 5 colonnes de plus de 22 mètres, sous  une grande verrière. Trois ans avant la grande Exposition  Internationale des Arts Décoratifs et Industriels Modernes à  Paris, l’architecte de ces Nouvelles Galeries fait figure de  précurseur dans la région. Le magasin qui s’y établit est délaissé à la fin des années  1930 suite à la crise de 1929. Cet immense espace se  réinvente en salle de boxe, en piste de roller ou encore en  cinéma jusqu’à son abandon dans les années 1980. Depuis  2012, la ville de Saint-Quentin offre une nouvelle vie à ce  lieu d’exception : le Palais de l’Art Déco ouvre au public  pour accueillir des événements culturels liés à l’Art Déco.  C’est dans cette lignée que s’inscrit l’exposition Hyperborée par Hélène Morbu. 

 

Un voyage dans le temps 

Avant même de découvrir le travail d’Hélène Morbu, le vi- siteur se laisse saisir par la grandeur du lieu. Les colonnes  du Palais de l’Art Déco reflètent la géométrie des lignes des  œuvres créées pour l’exposition. Les coursives festonnées  rappellent le volume des bouteilles, les cabochons font un  clin d’œil aux détails sphériques des Roses Iribe. Le Palais  et l’artiste offrent aux visiteurs un voyage dans le temps, à  travers un style Art Déco et des œuvres à la fois ultra-contem- poraines et anachroniques. Dans la première partie de l’exposition, dans l’atrium ovale,  l’Hommage à Manessier: un bassin de vagues bleues aux re- flets scintillants pour plonger dans l’univers d’Hélène Morbu,  une vague minérale composée de 311 modules de grès tein- té dans la masse et incisé. Des nuances délicates de bleu et  de vert, qui viennent contraster avec la seconde œuvre de  l’artiste, créée elle aussi spécifiquement pour l’exposition.  Cette seconde installation est un mur végétal issu du minéral,  1227 feuilles de grès, lui aussi teinté dans la masse. Les  feuilles, assemblées telles des lianes tentaculaires, semblent  frémir et envahir l’espace. Les deux œuvres, majestueuses,  impétueuses, soulignent déjà le talent et l’excellente maîtrise  technique de la céramiste. 

S’ouvre alors, dans le second atrium, la salle nommée Salle  aux Trésors. Sur d’élégantes stèles de bois et de ciment,  clin d’œil à l’importance du mélange de matériaux qu’af fectionnent les amateurs d’Art Déco, le visiteur découvre  la délicatesse du travail de la céramiste à travers une tren- taine d’œuvres exposées, offrant un éventail complet des  différentes techniques utilisées par l’artiste. Ce savoir-faire  unique se traduit par une diversité de pièces aux lignes épu- rées: vases, corbeilles, bouteilles, chaque pièce permet de  découvrir l’étendue du talent de la jeune céramiste. Le visiteur revient ensuite sur ses pas pour s'introduire au  cœur de l’atelier de la céramiste. Un atelier sur-mesure qui  regroupe les différents outils qu’utilise Hélène Morbu au  quotidien et permet de mieux comprendre ses gestes et la  précision de son travail. 

Le dernier couloir du labyrinthe est une transition douce à  la découverte du quotidien de la céramiste. Une série de  photos d’Hélène Morbu à l’œuvre ou d’œuvres d’Hélène  Morbu. En quelques images, sous l’œil du photographe  Manuel Cohen, la céramiste nous laisse entrevoir ses journées passées à l’atelier et partage les détails de son proces sus créatif. 

Infos pratiques

LA FONDATION ATELIERS D’ART DE FRANCE  ET SON PARTENAIRE PRIVILÉGIÉ, LA VILLE DE SAINT-QUENTIN  PRÉSENTENT L’EXPOSITION HYPERBORÉE, UNE VISION CONTEMPORAINE DE L’ART DÉCO CÉRAMIQUES D’HÉLÈNE MORBU, DU 10 DÉCEMBRE 2021  AU 13 MARS 2022  AU PALAIS DE L’ART DÉCO À SAINT QUENTIN.

Entrée libre et gratuite. 
Horaires : du mardi au dimanche, de 14h à 18h, hors jours fériés


Plus d'infos sur : https://www.saint-quentin.fr/evenement/5423/264-tous-les-evenements.htm

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